jeudi 26 novembre 2009

Jacques Lecoq



Jacques Lecoq, mort en 1999, était un comédien, metteur en scène mais surtout pédagogue du théâtre. Il est en effet surtout connu à travers son école „L'école internationale Jacques Lecoq“ fondée en 1956. Cette école propose une formation de deux ans, sans concours d'entrée mais il faut avoir au moins 21 ans et montrer sa motivation.






Pour Lecoq la révélation a lieu en Italie où il découvre la Commedia dell'Arte et le masque. Son théâtre est donc un théâtre d geste, basé sur le corps et le mouvement, qui fait appel à la Commedia dell'Arte, le clown, la tragédie antique. Il crée d'ailleurs le „Laboratoire d'étude du mouvement“ en 1977.

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Il est aussi le créateur du masque neutre, découlant de son travail avec le sculpteur Amleto Sartori.


mercredi 25 novembre 2009

Dario Fo

Né le 24 mars 1926, Dario Fo est un homme de théâtre à ce sens qu'il est à la fois comédien, metteur en scène et écrivain. Ce prix Nobel de littérature (1997) est d'ailleurs l'un des auteurs italiens les plus joués dans le monde (peut-être même le plus joué!).

Dario Fo est un militant d'extrême gauche, ce qui influence sa manière d'aborder l'art théâtral. Il n'a cessé de prendre parti pour des luttes comme le divorce, l'avortement et de fustiger le pouvoir (l'Anomalo Bicefalo traite de Berlusconi) et se trouve au centre de nombreuses polémiques, procès et autres censures.

On peut parler de Dario Fo comme maître d'une école. Il a en effet été enseignant de théâtre mais à aussi donné de nombreuses conférences. Le tout est devenu un livre intitulé Manuale minimo dell'attore (qui a étrangement été traduit par le gai savoir de l'acteur).
Ce manuel ne propose pas des exercices, il est une sorte de manifeste pour le théâtre de corps, l'importance du geste, le port du masque et le contact avec le public.

Je vous produis ici un passage qui, à mon sens, résume bien la pensée de l'homme:
„Pour sortir du cercle de l'offre et de la demande, il ne suffit pas de former l'acteur, il faut aussi fomer le public en lui proposant des spectacles courageux qui éveillent son intérêt et provoquent des débas, l'envie de discuter et d'entreprendre.“

Dario Fo „Le gai savoir de l'acteur“, l'Arche, Paris, 1990

dimanche 22 novembre 2009

La musica deuxième

Aaaah, Marguerite Duras ! Quelle femme ! Quelle écrivain ! Quelle pièce?

Ecrite en 1984 par Marguerite Duras la pièce fait dialoguer un homme et une femme. Ils se sont aimés, se sont mariés « comme tout le monde » et se sont perdus. Ils se retrouvent, désespérés, dans un hall d’hôtel après le jugement du divorce, et retracent le chemin, les événements qui les ont amenés « là ».

Dans la mise en scène présentée au Théâtre de Vidy, les comédiens sont placés dans un long couloir qui ressemble un peu à une cage, et les spectateurs disposés de part et d’autre de celui-ci.
Le public est donc un voyeur qui observe un couple dans l’entrée d’un hôtel.

Pourtant la mise en scène est un peu trop évidente pour qu’on ressente vraiment cet effet. Les deux comédiens sont très très souvent de profil et s’il l’un des deux tourne le dos à une partie de la salle, alors le deuxième a justement le visage dirigé de ce côté-là.

Au niveau du jeu, il n’y a rien à redire. Michel Voïta, surtout, incarne parfaitement le basculement de la conversation au désespoir.

Malgré une idée scénographique un peu différente du système classique, la mise en scène et le jeu des comédiens sont très réalistes. Tellement réalistes que les silences sont très longs, les dialogues s’enlisent, comme ils le feraient s’il ne s’agissait pas d’un spectacle. Mais justement, il s’agit d’un spectacle et il faut peut-être parfois se le rappeler pour ne pas qu’il devienne ennuyant de réalisme !

"La musica deuxième", au Théâtre de Vidy

Utopie d'une mise en scène


Trois personnages historiques du théâtre russe au début du XXeme siècle, dans une histoire fictive parlant du théâtre et de la mise en scène.


Meyerhold, Maïakovski et Erdman se retrouvent, tout comme le public, dans se qui semble être l’entrepôt d'un supermarché. Dans ce décor, plutôt extérieur au déroulement du spectacle, Meyerhold retrace son parcours, bientôt rejoint par Maïakovski et Erdman.


La question que le spectacle semble se poser est la suivante : Meyerhold a tout essayé dans ses très nombreuses mise en scène, et après ? Ou plutôt : et maintenant ? Au-delà des siècles, où en est-on dans le lien entre la société et le théâtre ? Faudrait-il une nouvelle révolution ?


Si oui, ce n’est pas « Utopie d’une mise en scène » qui nous y conduira. Le spectacle est intéressant, divertissant aussi, mais le pari du metteur en scène : sensibiliser tous les spectateurs sur le caractère indissociable de l’art et de société, n’est lui, pas gagné.

Utopie d’une mise en scène, par l’agence Louis-François Pinagot

mardi 17 novembre 2009

Comédie

Une pièce écrite dans les moindre détails, décors, mouvements, lumières, une sorte de script extrêmement précis que le metteur en scène suit à la lettre, voici le théâtre de Beckett dans Comédie.

Sur scène trois jarres, de chacune d'elles une tête dépasse et, lorsque la lumière l'éclaire, elle parle. Il n'y a donc aucun mouvement et le corps des comédiens est caché. Tout le jeu repose sur le visage, sur le texte et la manière de le donner aux spectateurs. Celui-ci est un mélange de trois monologues, qui, assemblés, créent le récit, celui de l'éternel triangle amoureux.

Un théâtre sans mouvement donc, sans jeu de lumière autre que les douches sur les jarres, un sujet plutôt basique pour un texte répété trois fois. Cela ressemble un peu à de la masturbation intellectuelle!

Et pourtant, non, et cela prouve toute la richesse dont le théâtre est capable. Car même si des éléments, qui semblent à certains indispensables à la scène ,sont absents dans "Comédie", nous sommes entraînés dans l'histoire qui nous est racontée et nous ressentons un message, des émotions par le texte.

Comment? Grâce à l'écriture bien sûr, mais aussi à la virtuosité des comédiens et à la mise en scène qui sait se tenir aux indications de l'auteur en ajoutant juste là une note de musique, ici un tressautement dans la voix, dans la lignée de ce qu'on pourrait appeler „l'école de Beckett“.

"Comédie" par la Cie Insomnia au Théâtre 2.21

lundi 9 novembre 2009

La Vierge froide et autres racontars

Ou quand le manque de confiance dans un texte transforme une pièce en une anecdote.


La vierge froide et autre racontars est une pièce tirée des textes de Jorn Riel, qui décrit la vie dans le grand nord sous la forme de nombreuses, très nombreuses nouvelles (plus de dix recueils déjà parus!).

Le Théâtre de l'Odyssée a choisi certain d'entre eux et les a mis en scène sans pratiquement en changer le moindre mot.

Même s'il doit avoir choisi ce texte, il semble que le metteur en scène n'ait pas eu une grande confiance dans la capacité de l'auteur à créer le contact avec le public. Pendant plus d'une heure trente en effet, on assiste à une performance dont le but clair est de faire rire le public, coûte que coûte, au détriment du texte même. Au fil des histoires ce n'est pas l'univers de Jorg Sies qui apparaît mais celui des Monty Python! Oui, après tout, pourquoi pas, le public semble content, mais dans ce cas, pourquoi prendre un texte? Il vaudrait mieux créer des sketchs et appeler les comédiens du Théâtre de l'Odyssée des humoristes.


La vierge froide et autres racontars par le Théâtre de l'Odyssée

dimanche 8 novembre 2009

Knie

Cette fois je suis allée au cirque et je dédie cet article à Corine Mercier qui pourrait faire un petit texte à partir des six considérations suivantes :

1) Quand j’étais petite j’allais au cirque avec mes parents. Le cirque c’était la sortie pour les enfants, le cadeau d’un moment magique,etc. Jeudi j’ai découvert que le billet le moins cher coûte 48 francs ! Je ne dis pas que le spectacle ne vaut pas 48 francs, nuance, je me demande quels parents peuvent offrir ça à leurs enfants (j’insiste sur le pluriel) !

2) Il y a une chose particulièrement insipide au cirque : les clowns ! Le jongleur vieux - beau en costard était bien plus drôle que le pierrot qui pensait que son costume suffisait à faire rire.

3) J’ai entendu dire que ce qui plaît tellement dans les numéro "en l'air" (funambule, trapéziste) c’est les risques que les artistes prennent (s’ils tombent : couick !). Personnellement quand j’ai vu qu’ils n’étaient protégés ni par un filet, ni par une corde de sécurité j’ai attendu assez anxieusement la fin du numéro.

4) Certains d’entre vous le savent, mais je le précise, je ne suis pas une grande fan des animaux (sauf quand je les mange) et pourtant il m’ont fait pitié à lever les pattes et faire des tours de chapiteau, même s’ils n’avaient pas l’air si malheureux ces chevaux et ces éléphants. Bref, le cirque c’est mieux sans.

5) Si je devais choisir mon rôle au sein du cirque, je serais sans hésitation la fille aux robes ! Chargée d’occuper le public pendant les changements de plateau, elle fait un tour de scène, souriante dans une belle robe, et repart, sous les applaudissements !

6) Le couple de trapéziste était constitué de deux hommes un peu maniérés. Vu le public plutôt conservateur qui m'entourait, je salue le Knie pour cette audacieuse démocratisation!

Le Cirque Knie, « C’est magique », En ce moment au Tessin

mardi 3 novembre 2009

La Festa

Un homme, une femme, leur fils et une cuisine. Huis clos terrifiant: l'enfer c'est les autres.

Même s'il y a un peu de lenteur au début, on entre vite dans cet univers à la fois étrange et familier. Les déplacements, le décors, les objets, le jeu des acteurs, tout est absurde. En même temps le texte est tellement réaliste, bien qu'absurde aussi, que chacun pense à ses propres parents, ceux d'amis qui ont « exactement les mêmes conversations! ».



En règle générale je ne suis pas très fan de la sur-technique au théâtre (lumières de fou, décors scientifique, micros en veux-tu en voilà). La mise en scène de Festa par le Teatro Due Punti, travaille beaucoup sur la technique mais de façon très très subtile, avec un sens du détail qui justifie chaque utilisation. La lumière sort du frigo, des micros reproduisent en écho certains sons de la scène. Loin d'alourdir le spectacle, tout ceci contribue à l'univers proposé et au cloisonnement des personnages.

La Festa par le Teatro Due Punti à la Grande de Dorigny